Artist Up

L’éloge de la Nature dans les oeuvres d’Ysabel LeMay

7 July 2016
http://www.artistup.fr/articles/952/l-eloge-de-la-nature-dans-les-oeuvres-d-ysabel-le-may

De la Nature, de sa faune et sa flore, émane une énergie créatrice et spirituelle dont se nourrit l’artiste visuelle Ysabel LeMay. Durant ses voyages, la photographe explore et observe les richesses naturelles de notre planète pour en saisir les détails, les fragments qui lui parlent et l’inspirent. Ces éléments sont alors méticuleusement rassemblés au sein des oeuvres qui exaltent son amour de la Nature : “Je suis fascinée par les interconnections, c’est ce que je cherche à comprendre”…Interview !


[column-half-1]

Ysabel LeMay, c’est tout d’abord en tant que peintre que vous vous êtes faite connaître internationalement, avec plus de 30 expositions aux Etats-Unis, au Canada et en Italie. Pouvez-vous nous en dire plus sur votre parcours ? Comment votre intérêt pour la photographie a-t-il vu le jour & de quelle manière s’est-il développé ? Quelle passerelle établissez-vous entre la peintre, vos connaissances en histoire de l’art et la photographie ?

Ma carrière d’artiste est un voyage. C’est ce que la carrière de tout artiste devrait être. Je travaillais auparavant dans la publicité, mais je cherchais aussi quelque chose de plus satisfaisant. C’est lorsque j’ai rencontré mon mari, un peintre, que j’ai découvert où je devais aller. J’ai surfé sur cette vague pendant huit ans. Peindre est un apprentissage profond et constant, et dans le monde des arts, j’étais comme une enfant apprenant à marcher.

Cependant, je n’avais pas l’âme d’un peintre. J’étais frustrée par la peinture et incapable d’exprimer ce que je ressentais en moi. J’ai compris que je devais changer de médium. Travailler avec la caméra fut mon moment de grâce, car je voyais bien que la photographie me permettait de rendre mon vocabulaire visuel beaucoup plus expressif, plus complexe et plus authentique. Mais je ne suis pas photographe, je suis une artiste visuelle. Demain matin, je pourrais explorer un nouveau médium entièrement différent

A travers un processus méticuleux, vous capturez les fragments de la nature, pour la recomposer à votre manière. Pouvez-vous nous en dire plus sur votre mode opératoire ? Qu’est-ce que le processus de l’hypercollage vous permet-t-il d’exprimer, d’explorer ?

Mon travail est très intuitif, très viscéral. Je commence sans aucun plan, sans conception de ce que sera le travail fini; seulement qu’un désir. Mon travail n’est pas ésotérique, mais je ne veux m’imposer aucune limite dans ce processus. Quoique ma pratique exige de l’équipement digital plutôt haute technologie, sa fondation est très naturelle, très physique. C’est moi voyageant de par le monde, explorant la vie sauvage et découvrant sa flore et sa faune, non seulement leur existence mais aussi leur énergie. Je suis fascinée par les interconnections, c’est ce que je cherche à comprendre. Selon moi, c’est une expression de grâce. Dans cette perspective, mon prochain pas est d’intégrer l’humain dans mon travail. Je commence tout juste à faire cela. Le défi est de trouver et d’exprimer cette même énergie émanant des plantes et des oiseaux.

[/column-half-1]

[column-half-2]

Le format circulaire de certaines oeuvres renvoie au Tondo de la Renaissance, pouvez-vous nous expliquer ce choix ?

J’aime créer ces oeuvres circulaires pour plusieurs raisons. L’attention de l’observateur est concentrée en un lieu, contrairement à un large tableau grandiose. Ces rondeurs sont non seulement sensuelles mais aussi spirituelles, comme une connotation religieuse. Mon travail n’est pas religieux, mais il est très certainement spirituel.

Vous dites « c’est souvent dans les simples détails que se trouve le divin »… Dans vos compositions photographiques complexes qui renvoient au Jardin d’Eden, vous rendez hommage à la nature. Quel rapport entretenez-vous avec elle ? Quelle place la foi occupe-t-elle dans votre processus créatif ?

La Nature est mon maître. Dans la simplicité de la Nature, loge une complexité infinie. Chaque jour quand je marche dans la forêt, je trouve toujours quelque chose qui me fascine. Le Grand Oeuvre dans de simples détails. C’est la source de ma foi, mais pas dans le sens strictement religieux. La foi me permet de faire ce que je fais, parce qu’elle me montre que je peux toujours faire mieux; nous pouvons tous faire mieux. La foi me permet de grandir et ouvre sur l’amour. L’art est l’outil que j’utilise pour exprimer cela. Je n’ai pas un objectif précis ou un message à communiquer à l’observateur. Plutôt, j’essaie d’offrir un lieu et un moment de réflection et de dialogue avec sa propre nature. C’est en de tels moments que le divin nous apparaît.

Votre travail fait partie de nombreuses collections privées. En 2015, vous représentez le Texas à la « 4ème édition de la femme à regarder », à Washington au Musée national des femmes de D.C. Comment percevez-vous la reconnaissance de votre travail par un public aussi varié ?

Je ne me soucie guère de la perception du public envers mon travail, parce qu’en tant qu’artiste, je ne peux faire que ce que j’ai choisi de faire. Je suis seulement reconnaissante d’avoir cette place physique et culturelle pour exprimer quelque chose tellement plus grand que moi.

Que peut-on vous souhaiter pour la suite, quels sont vos projets à venir ? 

Ce que je recherche maintenant, c’est une vie plus simple, ainsi que le courage et la confiance d’explorer des territoires inconnus, d’utiliser différents medias. Je me sens renaître. Dans un futur proche, j’aimerais intégrer l’être humain dans mon travail, comme je le disais. Je veux aussi explorer la sculpture. Et je suis un peu fatiguée de travailler seule. J’espère pouvoir travailler plus souvent en collaboration. Partager le processus créatif est extrêmement gratifiant.

[/column-half-2]